En Suisse, une brochure d’information sur la coparentalité après divorce

L’Association suisse pour la coparentalité vient de diffuser une brochure d’information aux parents et aux professionnels pour développer la coparentalité et la résidence alternée, en cas de séparation. Nous avions déjà rencontré cette association lors d’une intervention à Lausanne.

Cette brochure, téléchargeable ici, a pour but de répondre aux questions des parents, des proches, des professionnels du secteur et des personnes intéressées concernant la vie des enfants en résidence alternée.

Elle fournit un utile résumé des dernières recherches sur les modes de résidence des enfants après séparation des parents.

Elle présente aussi les avantages et les inconvénients pour les parents, elle fournit des conseils pour la mise en pratique au quotidien et explique pourquoi la résidence alternée implique également des avantages significatifs pour les mères.

Voici quelques extraits.

Les pères suisses participent à 40% des taches d’éducation

La répartition traditionnelle des rôles dans la famille a changé au cours des dernières décennies. Les « nouveaux pères » s’occupent de plus en plus des tâches qui étaient auparavant assumées par les mères.

Les mères suisses s’impliquent de plus en plus dans la vie professionnelle, non seulement à temps partiel, mais aussi à plein temps et dans des postes à responsabilité. Les tâches professionnelles et familiales sont réparties de façon de plus en plus égalitaire et les coresponsabilités sont partagées dans un partenariat d’égal à égal.

Selon les chiffres de l’Office fédéral des statistiques (OFS), les pères s’occupent aujourd’hui de plus de 40% des tâches éducatives et doivent, tout comme les mères, concilier les tâches familiales, ménagères et professionnelles.

Le modèle familial du père qui travaille et de la mère qui reste à la maison est devenu obsolète et ne correspond presque plus à la réalité.

Néanmoins, après une séparation/un divorce, ce modèle désuet fait régulièrement un triste retour, souvent au détriment des enfants.

Les avancées de la loi suisse et les limites de la pratique

En Suisse, en 2014, la loi a établi l’autorité parentale conjointe comme règle générale et de la garde alternée comme possibilité légale.

On constate souvent dans la pratique des tribunaux après une séparation ou un divorce des « retours en arrière » vers les anciens schémas : les enfants vivent chez la mère, le père paie et dispose d’un droit de visite. Les enfants d’âge scolaire voient généralement leur père un week-end sur deux, ainsi que pendant certains jours fériés et une partie des vacances. Les enfants en âge préscolaire voient leur père plus rarement encore.

Entre 20 et 40% des enfants perdent le contact et l’attachement positif avec un parent, généralement le père, avec souvent de graves conséquences psychologiques et de santé qui peuvent les affecter tout au long de leur vie, voire de génération en génération.

Ce que veut dire garde alternée en Suisse

La « garde alternée » signifie que les enfants bénéficient de deux foyers de la même importance après la séparation ou le divorce de leurs parents. Ils vivent alternativement avec la mère et le père et passent du temps avec chacun des parents à la fois au quotidien et pendant leurs loisirs, tout comme les enfants de familles cohabitantes. Ainsi, ils ne se sentent pas « à la maison » que chez l’un des parents. Les deux parents s’occupent de l’enfant de façon équivalente.

Sur la base de ces critères, on parle de garde alternée à partir d’un partage de résidence de l’ordre de 30%/70%. La limite entre les « droits de visite élargis » légalement établis et la garde alternée est floue ; c’est la part du quotidien qui est décisive.

Le temps exact passé avec les deux parents n’est pas l’élément le plus important pour une garde alternée réussie, tant que ces derniers exercent une part substantielle des responsabilités éducatives et familiales au quotidien et pendant les loisirs.

La répartition du temps avec chaque parent doit être décidée par les parents de manière responsable, en s’adaptant avec flexibilité aux possibilités de chacun et en tenant compte de l’âge des enfants.

Un avantage oublié de la résidence alternée : le maintien du lien aux grands-parents

La garde alternée n’est en aucun cas pire que le modèle du droit de visite, et est au contraire supérieure à bien des égards, surtout en matière de santé et de développement équilibré des enfants.

Le lien de l’enfant avec l’environnement familial des deux parents est plus facilement maintenu avec la garde alternée, plutôt qu’avec le modèle du droit de visite. Les grands-parents, tout comme les autres personnes importantes pour l’enfant, peuvent faire office de pilier stable dans la vie des enfants, aux côtés des parents.

Pour les enfants dont les grands-parents vivent à proximité, la garde alternée offre une plus grande opportunité de partager leur vie et leur expérience et de bénéficier de leur affection.

Les autorités compétentes et les tribunaux devraient encourager une garde alternée à chaque fois que ce serait possible et dans l’intérêt de l’enfant.

Le gouvernement et le parlement suisses devraient adapter le cadre législatif

Il appartient désormais au gouvernement et au parlement suisses d’adapter le cadre législatif afin de ne pas pénaliser les parents en garde alternée et de favoriser ce mode de garde.

Des modifications de lois sont nécessaires pour que les deux parents soient traités de façon égale du point de vue de la fiscalité, que l’enfant puisse avoir un double domicile, que les prestations sociales soient accessibles aux deux parents, etc. Le Code de procédure civile pourrait être amélioré, ainsi que les dispositions concernant la garde et l’entretien de l’enfant dans le Code civil.

Les milieux économiques doivent également faire plus d’efforts pour favoriser une coparentalité équitable dès le départ et tout au long de la vie. La participation égale des parents à la vie professionnelle, leur capacité à être indépendants financièrement et à assurer leur propre retraite doivent être encore davantage encouragées que par le passé.