Aplanir les inégalités dans le couple pour favoriser la résidence alternée

Le dossier proposé ce mois d’avril par la revue Alternatives Économiques déclare que le mode de garde des enfants en France manque de gouvernance et de logique. On y parle des enfants que leurs parents font garder durant la journée mais la manière de décider de leur résidence en cas de divorce semble gouvernée de la même manière.

Euro_and_familyDans le billet de la semaine dernière, nous avons montré les inconvénients du mode de garde par la mère seule, pour les enfants et pour les mères. Les modes de garde collectifs seraient plus adaptés mais comme ils reposent sur les assistantes maternelles, on revient à la case départ. Il faudrait un mode de garde plus flexible, mieux adapté aux intérêts des jeunes enfants. Dans ce billet, nous parlons du congé parental qui est un deuxième axe pour améliorer la garde des jeunes enfants.

Mieux calibrer le congé parental

Proposer un congé parental plus court pour chaque parent, mieux rémunéré et partagé entre les parents serait une solution pour pallier les inconvénients actuels. Non seulement l’implication des pères soulage les mères mais elle a des effets positifs sur le développement cognitif et le bienêtre global des enfants, souligne Xavier Molénat dans son article.

C’est l’idée qui soutient le congé parental actuel en France. Pour un premier enfant, chacun a droit à six mois de congé. Pour le deuxième enfant, un parent, souvent la mère, peut prendre deux ans au plus et l’autre parent, souvent le père, devra prendre le reste du congé sous peine de le perdre, dans la limite des 3 ans de l’enfant. Selon Hélène Périvier, économiste à l’OFCE, cette réforme n’est pas aboutie : vue les faibles conditions d’indemnisation (390,92 € par mois), très peu de pères s’arrêteront de travailler pour s’occuper de leur enfant. Le partage des tâches parentales ne sera pas meilleur et les difficultés des femmes seront aggravées par un congé plus court.

En ne facilitant pas l’implication équilibrée des mères et des pères dès les premiers mois de la vie des enfants, ce genre de politique familiale ne doit pas faciliter la mise en place de la résidence alternée en cas de divorce. Or, cette implication équilibrée des mères et des pères dans l’éducation est bénéfique aux enfants et aux parents.

Aplanir les inégalités pour favoriser la résidence alternée

C’est la politique inverse qui est conduite en Suède depuis de nombreuses années, non sans difficulté comme le montre le dossier de la revue « Alternatives Economiques ».

Pour réduire les inégalités entre les sexes, la politique familiale actuelle en Suède attribue un congé de 90 jours pour chaque parent, les 10 mois restant pouvant être partagés à leur guise entre les parents. Chaque parent est rémunéré à 80% de son salaire durant 8 mois, sauf pour les personnes à bas revenus qui bénéficient d’une majoration. Les employeurs doivent donc associer les conséquences des grossesses aux femmes comme aux hommes. L’idée est de favoriser l’égalité des embauches, des carrières et des salaires. Le chemin est difficile : les hommes n’ont pris qu’un quart des congés parentaux mais l’écart se réduit petit à petit. La Suède est cependant l’un des pays de l’Union Européenne où l’équilibre des responsabilités professionnelles et familiales entre les femmes et les hommes est le meilleur. Le taux d’emploi des mères de familles est aussi parmi les plus hauts.

En cas de divorce, cette politique accompagne un choix fréquent pour la résidence alternée égalitaire. Cet arrangement 50-50 est choisi par 50% des parents qui ont récemment divorcé et au total, ce sont 35% des enfants de parents divorcés qui bénéficient de cette résidence alternée égalitaire. Les allocations familiales peuvent être partagées entre les deux parents s’ils le souhaitent mais, dans les faits, elles sont majoritairement versées à la mère. Est-ce une volonté des couples suédois de compenser les écarts de salaire ?

Comme nous l’avons rapporté dans un précédent billet, les recherches montrent que ce choix des parents divorcés est favorable au développement et au bienêtre des enfants et des adolescents.

Les questions de garde des enfants, de congé parental et de résidence alternée sont donc liées. Sur ces trois niveaux de la politique familiale, il s’agit de décider si oui ou non le pays investit davantage dans la petite enfance et donc dans le bienêtre des enfants.