Et si la résidence alternée devenait la première option ?

Et si la loi française décidait, comme en Belgique, que la résidence alternée devienne la première option proposée aux parents qui se séparent. Il semble normal qu’ils puissent poursuivre à deux l’éducation des enfants qu’ils ont eus ensemble, même si le couple est séparé. Mais est-il souhaitable que les parents soient forcés à accepter la résidence alternée, c’est-à-dire une situation où les enfants peuvent passer au moins 35% de leur temps avec chaque parent ? C’est une question cruciale à envisager avant de vouloir changer la loi.

from: www.wikihow.com/Create-a-Parenting-Plan
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La loi pourrait être à l’inverse de celle qui prévaut en France aujourd’hui : ce ne serait pas un parent qui serait forcé à accepter que ses enfants soient en résidence pleine chez l’autre parent mais, au contraire, les deux parents qui seraient forcés à mettre en place la résidence alternée.

Les études distinguent trois cas où un parent est forcé d’accepter la résidence alternée. D’abord, les avocats ou les médiateurs peuvent persuader le parent hésitant ou réfractaire qu’il vaut mieux accepter tout de suite la résidence alternée que de prendre le risque de se porter en justice. Ensuite, le juge peut imposer la résidence alternée. Enfin, les parents peuvent penser qu’il vaut mieux accepter tout de suite la résidence alternée plutôt que de se la voir imposer par le juge.

En arriver à cette extrémité, forcer un parent à accepter la résidence alternée, ne paraît pas très encourageant pour le devenir des enfants. Qu’en disent les recherches ?

Forcer un parent à accepter la résidence alternée : pas d’effets négatifs !

Linda Nielsen étudie les 40 recherches à propos de la résidence alternée qui ont été publiées dans des revues reconnues par la communauté scientifique depuis la fin des années 80. Parmi ces recherches, seules 7 donnent une information sur le nombre de parents « forcés ». Celui-ci va de 20 à 80% selon les échantillons. Nielsen en déduit que dans les 33 études restantes, il serait improbable que tous les parents aient volontairement accepté la résidence alternée.

Bien que les parents n’aient pas été d’accord au départ sur le mode de résidence, et que beaucoup vivent deux « coparentalités parallèles », les résultats des recherches montrent que les enfants en résidence alternée chez les deux parents, même « forcés », se portent mieux que ceux qui sont en résidence pleine chez un parent.

La résidence alternée, même si les deux parents n’étaient pas volontaires au départ, est donc bénéfique au bienêtre des enfants.

Nielsen conclut que l’idée est largement répandue chez les professionnels des affaires familiales que les parents doivent être coopérants pour que la résidence alternée procure des bénéfices aux enfants. Cependant aucune étude publiée dans les revues scientifiques ne vient étayer cette idée reçue. A l’inverse les résultats des recherches indiquent que les bénéfices sur le bienêtre de l’enfant résultent de bonnes relations avec chaque parent individuellement et du fait d’avoir au-moins un parent avec de bonnes compétences parentales.

La loi française pourrait changer au bénéfice des enfants

En résumé, il n’y a pas de risques à « forcer » les parents à construire ou à accepter des arrangements de résidence qui permettent à leurs enfants d’établir des relations fréquentes et régulières avec leurs deux parents. Il n’y a même que des bénéfices pour les enfants à faire en sorte qu’ils puissent construire des relations continues et dans le quotidien avec leurs deux parents.

Après tout, pourquoi pense-t-on aujourd’hui qu’il est normal qu’un parent accepte la résidence pleine et qu’il est normal que des enfants ne voient un de leurs parents que 4 jours sur 30 et la moitié des vacances ? Toutes les recherches valides montrent pourtant les effets nuisibles de ces pratiques.

Comme nous l’avons rapporté dans notre billet du 21 septembre 2016, la Belgique a promulgué une loi dans ce sens il y a 10 ans et elle cherche à l’améliorer encore. La loi française pourrait donc changer. Est-ce que les candidats aux prochaines élections ont un avis sur cette question qui touche des centaines de milliers de personnes ?