Qu’est-ce qui compte pour la sécurité affective des adolescents ?

Nous continuons à nous intéresser au rôle de chacun des parents dans le bienêtre et le développement des enfants et adolescents. L’équipe de recherche de William Fabricius a conduit une étude auprès de 392 familles sur cette question.

Une première génération de recherches s’était intéressé au conflit parental comme seule explication du bienêtre des enfants.

Les recherches suivantes ont montré que les effets du conflit sont médiés, modifiés, par d’autres facteurs, comme l’attitude du père, par exemple.

De plus, de nombreuses études montrent que la notion même de conflit est mal définie, car les recherches anciennes confondent désaccord, dispute et violence.

La recherche de Fabricius et son équipe prend en compte les défauts des études précédentes et va au-delà.

Distinguer les différentes relations dans la famille

L’équipe de Fabricius essaie de distinguer deux modalités des relations d’opposition entre les parents : la première, appelée conflit sans violence, consiste en des désaccords verbaux, et, la deuxième, la violence intraconjugale, implique des gestes violents sur l’autre. Les résultats des études antérieures qui ont montré les effets négatifs du conflit parental sur les enfants ont vraisemblablement été gonflés par l’amalgame de ces deux modalités sous le seul terme de conflit parental.

L’équipe de recherche s’intéresse aussi à la qualité du lien conjugal. Pour elle, le bienêtre des enfants et des adolescents pourrait être affecté par le type de relation entre les deux parents dans la vie de tous les jours, par leur manière de penser leur vie avec l’autre partenaire.

Concernant le bienêtre des adolescents, l’équipe évalue d’une part leur sécurité affective en fonction des relations d’opposition entre les parents, désaccord ou violence, et d’autre part leur sécurité affective vis-à-vis de chaque parent.

Les enfants sont en insécurité face au conflit conjugal lorsqu’ils font état de peurs ou d’anxiété, pour eux ou leurs parents. Ils se cachent en cas de conflit, ils craignent que les parents se fassent du mal.

Les enfants sont en insécurité vis-à-vis de la relation au parent selon le sentiment qu’ils ont de compter ou non pour ce parent.

Est-ce que je compte pour chacun de mes parents ?

L’équipe de recherche mesure le niveau de sécurité affective des adolescents à travers « le sentiment de considération des parents » (« perceived mattering », en anglais).

Le sentiment de considération est évalué par des questions comme :

1/ Est-ce que je compte pour l’autre, mon père, ma mère ?

2/ Quel niveau d’attention je reçois de l’autre, de mon père, de ma mère ? Mon père, ma mère, fait-il attention à moi lorsque j’ai besoin d’aide ?

3/ A quel niveau, l’autre, mon père, ma mère, compte sur moi ?

Les recherches montrent que le sentiment de considération des parents est lié au bienêtre et à la santé psychique des adolescents. Leur niveau de dépression, d’anxiété ou de comportement délinquant est lié à ce sentiment de considération des parents, et tout particulièrement à la considération par le père.

La difficulté, pour les parents, consiste à équilibrer leur prise de distance avec leurs adolescents qui doivent construire leur autonomie. Certains adolescents peuvent se sentir délaissés, peuvent avoir le sentiment d’une moindre considération des parents lorsque ceux-ci semblent s’éloigner pour les laisser construire leur vie.

Nous détaillerons la suite de l’enquête et ses résultats dans un prochain billet.