Alternatives Economiques : qui doit garder les enfants ?

Le magazine Alternatives Economiques de ce mois d’avril s’intéresse au mode de garde des enfants : crèche, école, nounou ou famille ? L’article de Xavier Molénat montre qu’il y a tout intérêt à investir dans la petite enfance car cette politique est porteuse de bénéfices éducatifs, sociaux et aussi économiques.

La garde des enfants majoritairement dévolue aux mères

Le mode de garde des enfants est toujours une question préoccupante pour les parents mais elle l’est aussi pour les pouvoirs publics, en France comme en Europe et dans le reste du monde.

family-40370__180La tradition conduit à confier majoritairement cette garde aux mères mais cela les pénalise dans leur développement professionnel. En prenant de longs congés parentaux, elles sont écartées des postes à responsabilité et même du marché du travail pour celles qui sont le moins qualifiées. Elles dépendent alors largement des revenus sociaux et leur risque de pauvreté augmente. En cas de divorce, comme ces femmes conservent souvent la résidence des enfants, ces faibles revenus impactent le bienêtre des enfants, note Xavier Molénat.

Ce mode de garde familial, trop centré sur les interactions avec une seule personne, n’est pas favorable non plus à la réussite scolaire. Le journaliste montre qu’en comparaison, les modes de garde collectifs, grâce aux nombreuses interactions qui s’y déroulent, sont beaucoup plus favorables au développement de la confiance en soi et des capacités de communication des enfants. Il rejoint par-là les recherches qui ont montré les bénéfices de la construction du lien avec les deux parents : la complémentarité de plusieurs figures d’attachement, la mère et le père notamment, permet un développement harmonieux des enfants.

Améliorer les modes de garde collectifs

Aujourd’hui, précise la revue, l’augmentation du nombre de places d’accueil des tout-petits repose uniquement sur les assistantes maternelles. Ceci accentue les travers du mode de garde traditionnel car ce sont presque toujours des femmes qui sont en charge de la garde des enfants à leur domicile et dans des conditions professionnelles peu prometteuses en termes de développement de carrière.

La revue appelle à un mode de garde plus flexible, mieux adapté aux intérêts des jeunes enfants. Ainsi, les règles actuelles font qu’un enfant né en décembre est scolarisé à deux ans et demi alors que celui né en janvier doit attendre trois ans et demi avant d’entrer à l’école. Tout cela pour une simple raison de calendrier, sans tenir compte du bienêtre de l’enfant, note Xavier Molénat en rapportant les propos de Hélène Périvier, économiste à l’OFCE.

Nous retrouvons encore une fois la même problématique que pour la résidence des enfants en cas de divorce des parents. Très concrètement, dans la pratique et malgré des politiques apparemment volontaristes, le bienêtre et le bon développement des enfants n’est pas vraiment pris en compte. Le repli sur la tradition tient lieu de garantie et donne bonne conscience à la plupart des acteurs. C’est aussi une manière bien paresseuse de traiter les questions de l’enfance, en ne faisant aucun lien entre les différentes facettes de leur existence.

Le congé parental est aussi un élément important pour mieux équilibrer la coéducation. Nous le traiterons dans un prochain billet.