Quelques idées pour penser autrement la résidence des enfants après séparation

En cette période de vacances, nous vous proposons de retourner à quelques billets de ce blog pour penser la résidence des enfants après séparation des parents. Nous avons échangé avec de nombreuses personnes ces derniers temps et leur manière de comprendre cette question est souvent partielle.

Parfois ce n’est que le point de vue des parents qui est pris en compte. Soit on dit que leur conflit bloque toute solution, soit que la résidence alternée est là pour les arranger au dépens des enfants.

Parfois, on n’envisage pas l’ensemble de la question de la vie de l’enfant après séparation des parents. L’alternative aux inconvénients de la résidence alternée, qui est le risque d’effritement du lien avec le parent non-résident, n’est pas toujours pris en compte dans les réflexions.

Bref, il est toujours utile de faire le point autour de questions clés : La résidence alternée est-ce que c’est toujours 7 jours – 7 jours ? Les parents sont-ils obligés de bien s’entendre ? Les enfants sont-ils traumatisés par des transitions incessantes ? Est-ce que c’est une solution réservée aux gens aisés ?

Qu’est-ce que la résidence alternée?

En France, très souvent la résidence alternée est comprise uniquement comme l’alternance hebdomadaire, quel que soit l’âge de l’enfant. En fait, la définition de la résidence alternée est beaucoup plus large.

Dans les recherches internationales, la résidence alternée commence dès 35% du temps avec un parent. En France cela correspond à l’arrangement dit « classique élargi » dans lequel l’enfant passe au moins deux nuitées par semaine avec chaque parent.

Chez nous, c’est donc le dvh dit « classique » qu’il faudrait éviter. Pas de chance, c’est celui dont le site de l’État fait la promotion.

Le pédopsychiatre Serge Hefez propose une définition simple. La résidence alternée est un principe qui fait étendre au maximum le temps que l’enfant peut passer avec chaque parent, en fonction de la situation de l’enfant et de celle de chaque parent. Fondé sur ce principe, les arrangements peuvent être souples et apaiser le conflit.

Les parents doivent-ils coopérer sans heurts ?

Souvent le désaccord des parents est confondu avec le conflit. Et du conflit à la violence domestique, la confusion est facile aussi.

Il faut cependant se rappeler que les enfants se sont construits dans le projet familial des parents, ce projet n’avait pas pour vocation de ne durer qu’un temps court. La rupture du couple a bousculé ce projet et elle intervient toujours dans un climat de désaccord, de désunion, qui ne facilite pas les arrangements réfléchis. Ce désaccord peut évoluer en conflit, voire en violence mais ce n’est pas toujours le cas. Il ne faut donc pas réduire le désaccord au conflit.

De plus, la résidence alternée peut réduire les conflits car elle oblige les parents à communiquer souvent et dans une ambiance de responsabilité réciproque. A l’inverse, un parent peut ressentir de l’exclusion et une absence de responsabilité en ne rencontrant ses enfants que sur des temps réduits et artificiels (un week-end sur deux).

La loi qui privilégie la résidence alternée peut éviter ces glissements du désaccord vers la violence.

La résidence alternée insécurise-t-elle les enfants ?

Souvent le nombre élevé de transitions est reproché à la résidence alternée. Les enfants vivraient toujours avec des valises à la main.

En fait, si l’on compte les changements de domicile, il y en a autant avec le dvh classique qu’en résidence alternée : 2 par quinzaine. Avec le dvh classique les transitions ne se font que pour 2 jours, ce qui doit être fatiguant pour les enfants. En résidence alternée, il s’écoule plusieurs jours entre les deux transitions (de 5 à 7 selon les rythmes les plus courants).

D’ailleurs les jeunes en résidence alternée disent, le plus souvent, que les transitions ne sont rien d’autres que le prix du maintien des relations avec leurs parents. Et ils en sont heureux.

La résidence alternée est-elle pour les riches ?

Souvent l’on entend que la résidence alternée nécessite des chambres dans les appartements de chaque parent. Il faudrait alors avoir plus de moyens économiques qu’avec un dvh classique.

Ici encore, seule une partie de la situation est envisagée. Le parent qui reçoit ses enfants la moitié des vacances doit bien leur proposer des conditions de logement adaptées. On peut penser que les enfants ne restent pas dans la voiture ou sur le canapé du salon. Donc, la plupart du temps, ils ont aussi une chambre chez le parent non-résident.

En revanche, il est clair que la chambre des enfants n’est pas un lieu neutre et que vivre avec cette chambre vide, la moitié du temps ou plus, n’est pas toujours simple.

Penser la vie des enfants dans son ensemble

Bref, penser les contextes de vie des enfants de parents séparés dans leur globalité n’est pas chose facile. Cela vaut la peine d’y réfléchir ensemble, en confrontant les points de vue. Car le dvh classique a un coût social qui n’est pas négligeable.

Ce débat mènerait à faire évoluer la loi famille. Il s’agirait de fixer un cadre à respecter qui soit adapté aux familles d’aujourd’hui. Ces nouvelles règles permettraient d’éviter de prendre des décisions préjudiciables aux plus jeunes, et adaptées pour toutes et tous.