Sur France 5 : séparation, les enfants d’abord

Disponibles sur le site de France TV jusqu’au 26 mars, deux vidéos traitent du devenir des enfants en cas de divorce.

L’émission Le Monde en Face propose deux vidéos : un reportage sur la pratique du tribunal de Créteil concernant l’audition des enfants et les rencontres médiatisées et le débat ayant suivi le film.

Le film permet de voir l’activité d’une juge aux affaires familiales. Dans les situations choisies par la réalisatrice, les parents sont en conflit élevé et les enfants, jeunes ou adolescents, ne souhaitent plus rencontrer leur père.

Nous nous étonnons d’un choix si partiel. Les invitées du débat ont peut-être eu la même réflexion car elles ne commentent pas le film. Elles ne commentent pas non plus le fait que seules des femmes sont sur le plateau, pour parler du devenir des enfants après rupture des parents.

Dans ce billet nous allons nous intéresser au débat qui a suivi le film.

Agathe Fourgnaud, écrivaine et psychothérapeute : le divorce des parents choque à tout âge

Elle publie un ouvrage à partir de cas d’enfants de divorcés devenus adultes et qui ont fait un travail psychologique pour prendre du recul.

Elle témoigne que le divorce des parents est toujours une blessure, même quand les enfants sont des quadragénaires et que leurs parents divorcent à l’âge de la retraite.

Cécile Mamelin, magistrate, ancienne juge aux affaires familiales : le divorce est de plus en plus précoce

La journaliste, Marina Carrère d’Encausse, lui demande si les divorces sont de plus en plus conflictuels.

La magistrate rappelle que les juges ne voient que des situations conflictuelles, donc qu’elle ne peut rien dire sur ce point. En revanche, elle note que les divorces sont de plus en plus précoces : du coup, le partage des responsabilités parentales dure de plus en plus longtemps, avec des occasions de différends plus nombreuses. Avec d’autant plus de difficultés que les parents se sont séparés sans avoir encore pu expérimenter la parentalité commune.

La juge détaille le principe de l’audition de l’enfant, accompagné par un avocat. Ce principe d’audition de l’enfant découle de la convention internationale des droits de l’enfant, rappelle-t-elle Nous avons rapporté les résultats de la recherche de Blandine Mallevaey sur cette question de l’audition des enfants et des disparités entre les tribunaux français.

Marie-France Hirigoyen, psychiatre, psychothérapeute : aujourd’hui les hommes s’impliquent

La psychiatre remarque que la plupart des jeunes pères sont engagés dans l’éducation et le soin des enfants. En cas de séparation, la garde partagée des enfants est un prolongement de cette implication. Il y a quelques décennies, la situation était différente.

Annie Koskas, avocate spécialiste du droit de la famille : le divorce va avec la perte de confiance

L’avocate confirme les propos de l’interlocutrice précédente. Pour elle, ce qui rend la situation délicate, c’est que le divorce s’accompagne le plus souvent d’une perte de confiance dans l’autre. Du coup, laisser son enfant à une personne en qui l’on a plus confiance est difficile. Les parents doivent éviter, dit-elle, de confondre le conjoint, qui a trompé la confiance, et le parent, qui continue à être le parent de l’enfant.

Que se passe-t-il en cas de déménagement d’un parent ? demande la journaliste. Les juges se réfèrent à l’intérêt supérieur de l’enfant, répond l’avocate : si l’enfant vit chez la mère, il voit assez peu le père, donc si la mère déménage, c’est assez simple ; en revanche c’est plus compliqué en cas de résidence alternée et la mère doit vraiment avoir une raison professionnelle de s’éloigner.

On retrouve alors les mêmes conséquences dramatiques que dans le film : l’arrangement 12-2 (un week-end sur deux) conduit petit à petit à la rupture des liens avec le père. C’est ce que nous avions rapporté des propos de Luis Alvarez, pédiatre, lors des rencontres organisées le 7 novembre 2019 avec les parlementaires.

La juge l’affirme : la résidence alternée est un principe pour les jeunes générations de parents

La juge va insister pour dire que la résidence alternée est ancrée dans la tête de nombreux jeunes parents, comme une sorte de principe. D’après elle, ils ont assimilé l’idée qu’élever un enfant est une affaire à deux. Elle pense que les mères sont en train d’évoluer, laissant de la place aux pères. Elles ont du mal car elles sont le produit de siècles de domination maternelle (ce sont ses mots) dans l’éducation et le soin aux enfants.

Pour elle quand le partage des tâches se fait dans la vie quotidienne, il se poursuit par la résidence alternée en cas de rupture.

La pédiatre insiste : la résidence alternée, c’est bien pour tout le monde

Interrogée sur le réel bénéfice de la résidence alternée, quel que soit l’âge, la psychiatre, Marie-France Hirigoyen, dit que cette modalité est bénéfique pour tout le monde.

Les enfants s’habituent bien si les conditions matérielles sont bonnes.

Elle fait remarquer à ses patientes qui ne font pas confiance au père pour élever leurs enfants que c’est important qu’elles aient du temps pour elles, pour reconstruire leur vie et avoir une vie de femme. Elle constate que même des pères qui, avant la rupture ne s’occupaient pas des enfants, sont obligés d’apprendre, du fait de la résidence alternée, et qu’en général ils ne s’en sortent pas mal.

Ici encore, ce qui est dit rejoint ce qui a été développé dans plusieurs des interventions des rencontres avec les parlementaires.