Filiation, coparentalité et intérêt de l’enfant : peut-on les penser du point de vue de l’enfant ? #1

Ce jeudi 7 novembre, nous avons rencontré des parlementaires, des professionnels de la justice, du droit et des affaires sociales, à propos de l’évolution du droit de la famille dans les configurations sociétales actuelles.

Trois tables rondes étaient organisées. La première demandait : Qu’est-ce qu’une famille ? A partir de quand parle-t-on de famille ? Quels repères pour faire famille ?

Nous avions invité trois spécialistes pour en débattre.

Gabrielle Radica, professeure de philosophie à l’université de Lille, a dressé le cadre de réflexion sur la filiation, la coparentalité et l’intérêt de l’enfant

Serge Hefez, psychiatre des hôpitaux et responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à La Salpêtrière AP-HP a éclairé les questions de séparation, de résidence adaptée à l’enfant et de coopération entre parents.

Hugues Fulchiron, professeur et directeur du Centre de droit de la famille, à l’université Lyon III Jean Moulin, a fait un point sur la filiation, les assistances médicales, l’adoption en demandant si l’on peut penser la filiation à partir de l’enfant.

Voici deux idées fortes que nous retenons de la première intervenante, Gabrielle Radica.

Distinguer parenté et parentalité

La parenté désigne, à la fois, la façon dont nous sommes liés à un groupe de proches auquel nous nous identifions ainsi que la place que nous occupons dans ce groupe par les jeux d’alliance et de filiation. La parenté est un élément stable de notre identité. Elle perdure dans le temps, à travers la filiation.

La parentalité renvoie à l’aspect concret et effectif du lien aux proches, en l’occurrence aux enfants. La parentalité se manifeste dans la continuité, la régularité, voire la quotidienneté. Elle est faite de soins, d’échanges, de droits, de devoirs d’apprentissage. Elle est donc plus fragile et peut être affectée par l’éloignement géographique ou affectif.

Protéger les relations des enfants dans la coparentalité

La parentalité sans lien de parenté est facilement confondue avec l’amitié ou avec la cohabitation dans le même logement. Elle est encore plus fragile que ne l’est la parentalité quand existe un lien de parenté. Par exemple, le statut des beaux-parents dans les familles recomposées n’est pas associé à des droits ou à des devoirs particuliers.

Les changements récents de la loi ont concerné la parenté (adoption, PMA, accès aux origines) et la parentalité (séparation, coparentalité, résidence alternée, migration, aide aux parents âgés). L’enfant des familles françaises peut être affecté à ces deux niveaux.

Comme l’enfant est la personne la plus vulnérable dans les situations de séparation, son point de vue doit être considéré avant les autres. L’enfant ne peut pas intervenir dans la rupture du lien d’alliance entre les parents, en revanche il doit voir son droit de relation protégé, dans le cadre de la parentalité.

Toute situation d’infériorisation de l’un des parents n’est pas acceptable et représente ce que l’on doit éviter à tout prix.