Renforcer l’égalité dans les responsabilités familiales dès la naissance

Les modes de vies familiaux changent petit à petit mais de grandes disparités persistent entre les genres. Des freins existent dans les représentations et dans l’organisation de la société.

Nous aborderons plusieurs fois ces questions lors de la 4ème Conférence Internationale sur la Résidence Alternée à Strasbourg, les 22 et 23 novembre prochain. Attention à la date limite des inscriptions !

Nous les aborderons avec les sociologues dont nous avons déjà parlé ici.

Nous les aborderons aussi à travers la table ronde des pays nordiques. Le développement de l’égalité entre les hommes et les femmes et la question de la résidence des enfants après divorce seront expliqués avec des spécialistes du Danemark, de Suède, d’Islande et de Norvège. Le changement de loi au Danemark sera un des points du débat.

Une enquête de l’INSEE et un numéro spécial de la revue Alternatives Economiques sont consacrés à ces questions.

1 personne sur 5 souscrit au modèle de la femme au foyer

Selon une récente enquête de l’INSEE, « l’opinion selon laquelle les femmes disposeraient de compétences supérieures pour prendre soin des enfants et seraient plus enclines à le faire persiste : une personne sur deux considère que les mères savent mieux répondre aux besoins et aux attentes des enfants que les pères. La « vocation parentale » des femmes apparaît comme la clé de voûte permettant l’articulation entre des compétences déclarées identiques et une division sociale du travail toujours largement organisée en fonction du sexe des individus.

Les femmes rejettent plus souvent que les hommes ces stéréotypes de genre, en particulier lorsqu’ils renvoient à leur vocation parentale présumée. En outre, l’adhésion à ces idées a diminué, y compris au cours des dix dernières années. Ainsi, en 2014, 22 % des personnes interrogées souscrivent au modèle de la femme au foyer, contre 43 % en 2002. »

Renforcer l’égalité dans les responsabilités familiales

Selon la sociologue Dominique Méda renforcer l’égalité dans les responsabilités familiales « permet que les femmes et les hommes aient chacun accès à la gamme entière et diversifiée des activités humaines, au lieu d’être spécialisé dans un petit canton de réalité bien déterminé : aux unes les tâches de ‘care’, aux autres le travail rémunéré. »

Le congé paternité permet ce meilleur équilibre. La sociologue remarque que les hommes qui ont pris des congés parentaux pour s’occuper de leurs enfants, vivent des types d’expérience encore rares du côté masculin. La loi peut et devrait encourager ce changement.

Elargir le congé paternité

En Espagne, la loi permet aux pères de bénéficier, comme les mères, d’un congé de 16 semaines indemnisé à 100 % après la naissance d’un enfant. Comme le montre le sociologue Gerardo Meil, qui interviendra à CIRA/ICSP Strasbourg 2018, les pères qui prennent un congé pour s’occuper seuls de leur enfant acquièrent les compétences nécessaires en matière de garde, de soin et de travail domestique, alors qu’au départ, ils pensaient qu’ils n’y parviendraient pas. Pour lui, encourager explicitement les pères à prendre une longue période de congé pour s’occuper seul de leurs enfants s’avère plus efficace qu’un congé court juste après l’accouchement.

En Islande, trois mois de congé sont réservés à la mère, trois mois au père, et trois mois restent à se partager.  Le système encourage les pères à prendre leur quota : si le père ne prend pas ses trois mois de congé paternité, les trois derniers mois sont perdus pour la mère et lui. Le congé est rémunéré à 80 % pour les bas salaires et à 75 % pour les salaires supérieurs, avec un plafonnement. Du coup, la plupart des pères prennent ce congé.

Conserver les liens construits avec les enfants

Cette égalité de genre, dans la famille, devrait avancer en parallèle avec le développement de la résidence alternée.

Les pères pourraient conserver et renforcer les liens avec leurs enfants qui ont été construits avec le congé paternité et leur implication dans les tâches domestiques quotidiennes. Les mères ne seraient plus cantonnées à la tête de foyer monoparentaux et pourraient poursuivre plus facilement leurs vies sociale, affective et professionnelle.