Congé paternité : un pas en avant vers l’égalité dans la famille

La durée du congé paternité va passer de 14 à 28 jours avec une semaine obligatoire. C’est une mesure attendue depuis longtemps pour améliorer la place de chaque parent dans les responsabilités familiales et notamment le soin et l’éducation des enfants.

La commission « 1 000 premiers jours » dirigée par Boris Cyrulnik avait demandé un congé paternité/second parent de 9 semaines. Cette demande est dans la droite ligne de la directive européenne sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Il reste donc quelques progrès à faire en France.

La France est en retard sur le congé paternité

L’Elysée vient de proposer un allongement du congé paternité/second parent à 4 semaines dont une semaine obligatoire. La réforme devrait entrer en vigueur dans l’été 2021. Elle devra d’abord passer le seuil des discussions à l’Assemblée nationale et au Sénat, où elle sera présentée dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Comme l’indique France-Inter, en France, le congé paternité est un des plus courts d’Europe. De plus, le congé parental est majoritairement pris par les femmes. Il est donc temps de proposer plus de temps à chaque parent pour construire des liens avec les nouveaux-nés et pour rééquilibrer les responsabilités des tâches familiales.

Allonger le congé paternité : possible et fructueux

Nous l’avons déjà mentionné dans ce blog, d’autres pays permettent une meilleure implication des pères dès la naissance de l’enfant.

En Espagne, la durée du congé paternité est de 8 semaines, et sera même alignée sur celle des mères en 2021, atteignant 16 semaines. Le sociologue Gerardo Meil, de l’université de Madrid, a montré que les pères surmontent leur insécurité des débuts pour se sentir et devenir compétents dans le soin et l’éducation du nouveau-né ; ils prennent même leur part dans les tâches domestiques.

Le Portugal a porté le congé paternité obligatoire à deux semaines.

L’Europe du Nord a adopté les systèmes les plus favorables. En Suède, les parents doivent prendre chacun au moins 60 jours, rémunérés à 80% du salaire.

L’Allemagne, qui est souvent comparée à la France, ne propose pas de congé paternité. Cependant, à la naissance de leur enfant, les pères peuvent prendre un congé parental d’une durée maximale de quatorze mois, à partager avec la mère. Les parents sont rémunérés 67% du salaire net, plafonné à 1800 euros par mois.

Un effet bénéfique sur les liens d’attachement

Déjà en 2018, un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales, soulignait comment le congé de paternité dans les premiers jours de la vie permet « une construction durable du lien père-enfant, dont les effets se font ressentir jusqu’à l’adolescence ». Importance que nous avons montrée dans plusieurs billets, notamment à travers les travaux de Fabien Bacro.

En 2020, la commission « 1 000 premiers jours » rappelle qu’il « est bien établi que la durée du temps partagé par les parents et l’enfant fait partie des éléments déterminants de la qualité de l’attachement qui, à son tour, assure la base pour un développement harmonieux. » Ces spécialistes montrent que lorsqu’ils disposent de suffisamment de » temps partagé avec leur enfant,
les parents deviennent des figures d’attachement sur lesquelles l’enfant
peut compter pour répondre à ses besoins de protection et réconfort, mais
aussi de sécurité pour pouvoir explorer et apprendre. L’enfant peut ainsi
se développer et faire ses apprentissages dans les meilleures conditions. » Pour cela « il est préférable que les pères ou seconds parents interagissent également seuls avec leur bébé afin de développer une plus grande sensibilité à son égard. »

Un effet bénéfique sur l’équilibre des tâches domestiques

La commission « 1000 premiers jours » note aussi que « la présence du père/second parent dès le début favorise une coparentalité et un partage équitable du travail et de la vie de famille entre parents ».

Elle rejoint la directive européenne qui, en allongeant le congé paternité, vise à « encourager un partage plus égal des responsabilités familiales entre les femmes et les hommes et de faire en sorte qu’un lien entre les pères et les enfants se tisse tôt. »

Tirer les conséquences sur la résidence des enfants en cas de séparation

Créer et renforcer des liens d’attachement de l’enfant à chaque parent dès la naissance ne va pas sans conséquences sur les conditions de la séparation éventuelle du couple. En cas de séparation des parents, il est donc nécessaire de laisser suffisamment de temps à l’enfant pour maintenir des relations durables avec chaque parent.

Cela passe par des arrangements de résidence qui étendent au maximum le temps de vie de l’enfant chez chaque parent.