Testosterone Rex : femmes et hommes égaux

Toujours un peu à côté du strict domaine de l’actualité de la résidence alternée nous présentons cette semaine le dernier livre de Cordelia Fine : « Testosterone Rex, myths of sex, science and society ».

Cordelia Fine est professeure de psychologie à l’université de Melbourne. Elle se revendique féministe et évoque sa vie de famille pour expliquer, avec humour, ce que cela implique parfois dans son quotidien.

Son livre analyse et critique les recherches et les écrits qui traitent de la différence entre les hommes et les femmes, notamment à travers le rôle de la testostérone. Ce livre, recommandé par La Recherche, une revue de valorisation scientifique grand public, est très rigoureux, donc sérieux, mais l’auteure ne se prend pas au sérieux, donc la lecture est, à la fois, instructive et plaisante. Nous restons dans notre ligne estivale !

L’homme est un chasseur, la femme est une gardienne

Dans la vie de tous les jours, dit l’auteure, le sexe est souvent la première caractéristique pour nous définir et définir une personne. Quand un bébé va naître, souvent la première question porte sur son sexe : fille ou garçon ? La force de cette différence fait que l’on pense comme si le sexe créait non seulement deux rôles dans la reproduction mais aussi deux sortes d’êtres différents.

Cet écart physique fait naître des mythes qui organisent notre manière de penser et de vivre.

L’un des plus puissants et celui de l’homme chasseur et de la femme gardienne. Cordelia Fine explique comment on pense que dans notre passé ancestral, l’homme a dû prendre des risques pour chasser du gros gibier et, ainsi, acquérir un rang supérieur à ses voisins et, donc, pouvoir disposer des femmes les plus aptes à assurer sa descendance. A l’inverse, la femme devait tout faire pour être choisie puis pour élever la descendance. Les siècles passant les cerveaux des hommes et celui des femmes seraient ainsi devenus différents.

Tout cela apparaît comme inattaquable puisque découlant de la simple logique de l’évolution humaine. Sauf que c’est un mythe…

L’homme prend des risques, la femme assure

Ce mythe s’est renforcé dans les années 1950 à partir d’études scientifiques dont l’auteure montre les biais. Nous en parlerons la semaine prochaine. Néanmoins, diffusées, citées, enseignées, ces études ont donné une caution au mythe qu’elle appelle « Testosterone Rex ».

L’homme serait celui qui prend des risques et attire ainsi les meilleures femmes. Aujourd’hui, il n’est plus forcément chasseur mais il aime la compétition, le sport et les grosses voitures. Ces attributs sont comme la traîne du paon, ils sont censés assurer le succès social et amoureux.

La femme serait celle qui est choisie et qui prend soin des enfants. Aujourd’hui, elle ne construit plus de hutte mais elle aime les romans d’amour, la mode et les voitures avec un coffre, pratiques pour transporter les enfants, les courses et le chien. Pour elle, la compétition n’aurait pas de sens.

Dès le plus jeune âge, précise Cordelia Fine, les enfants sont intégrés à ce mythe. Il suffit d’entrer dans un magasin de jouets pour constater que les jeux des garçons et des filles sont séparés et marqués par des couleurs, le bleu et le rose, qui freinent toute envie des uns pour les aspirateurs et des autres pour les pelles mécaniques.

Nous pouvons lutter contre le mythe Testosterone Rex

Selon Cordelia Fine, les parents peuvent agir très directement sur les jeux proposés à leurs enfants.

Il peuvent aussi résister à Testorone Rex qui cherche à les maintenir dans leur rôle.

Selon elle, T.Rex glisse à l’oreille des hommes : « C’est bon mon gars, continue. Je sais que cela paraît bizarre de croire qu’en restant 8 heures par jour au bureau tu deviendras attractif pour les femmes mais crois-moi, insiste ».

Il glisse à l’oreille des femmes : « Es-tu certaine que ce travail est pour toi ? Ne devrais-tu pas rentrer à la maison et prendre soin des enfants, de ton mari et de ses amis ? Et aussi faire un crochet chez la coiffeuse et l’esthéticienne, parce que côté séduction tu as encore du mieux à faire… ».

A nous de ne pas nous laisser prendre par les murmures nés de ce mythe !