Résidence alternée et équilibre dans la famille

Dans les familles, la place des mères et des pères dans l’éducation et le soin aux enfants évolue. En parallèle, la préservation de la vie sociale et professionnelle de la mère est un enjeu social important. En cas de rupture du couple, quelles modalités de résidence des enfants leur sont bénéfiques ?

Venez écouter ce que Livia Olah, professeure associée de sociologie à l’université de Stockholm en dira lors de son intervention à la Conférence Internationale sur la Résidence Alternée de Strasbourg, les 22 et 23 Novembre 2018, au Palais de l’Europe.

Aujourd’hui nous traçons les grandes lignes de son intervention.

Un nouvel équilibre dans la vie familiale

Les familles et la vie familiale ont beaucoup changé en Europe et ailleurs dans le monde au cours du dernier demi-siècle.

Ces changements rendent obsolète la répartition de la famille nucléaire issue du milieu du 20° siècle.

Dans ces décennies passées, une famille c’était, le plus souvent, un couple marié avec trois enfants ou plus nés de parents plutôt jeunes, avec la mère consacrant tout son temps à la garde des enfants et aux travaux domestiques tandis que le père était celui qui partait gagner l’argent nécessaire au confort de tous. Le divorce et la maternité unique étaient alors extrêmement rares.

La vie de famille a changé.

Aujourd’hui, les couples ont moins d’enfants, les ont à des âges plus élevés et souvent dans des formes de partenariat autres que le mariage. La stabilité des couples est réduite et une proportion non négligeable d’enfants éprouvent une rupture parentale. En France, près de 200 000 enfants par an sont concernés par le divorce de leurs parents. Après divorce, un peu plus de sept enfants sur dix (73 %) vivent uniquement chez la mère.

S’ils vivent souvent avec un seul parent, ils partagent aussi de plus en plus fréquemment leur résidence avec le nouveau partenaire d’un parent, peut-être même avec de nouveaux frères et sœurs, à un moment ou à un autre, tout en grandissant.

La vie professionnelle transforme la vie familiale

La répartition traditionnelle du travail entre les sexes a également été contestée car les configurations familiales et les trajectoires de vie sont devenues de plus en plus complexes.

Les femmes, et de plus en plus de mères, ont un emploi, tout en conservant leur responsabilité principale pour les soins et autres tâches domestiques. Cette transformation a été soutenue par des mesures politiques à divers degrés dans différents pays. Aujourd’hui, les femmes et les hommes partagent, de plus en plus, la responsabilité d’assurer les ressources économiques de la famille.

Cet accès à l’emploi a soutenu les aspirations des femmes à sortir du domaine familial et a mené, par exemple, à un renversement de l’écart entre les sexes dans l’enseignement supérieur au cours des dernières décennies. Ainsi, les jeunes femmes très instruites sont plus nombreuses que leurs homologues masculins presque partout en Europe. Leur position s’en trouve renforcée lors de la négociation sur la répartition du travail dans le couple, y compris en ce qui concerne les soins aux enfants.

Le rôle des hommes a changé également. La « paternité engagée » gagne du terrain à travers l’Europe. Avoir une relation étroite avec ses enfants est de plus en plus apprécié par les pères. Leur participation active dans la vie quotidienne de la famille est valorisée.

Les nouveaux rôles de genre et le développement des couples de même sexe apportent également de nouvelles références aux familles. Le « bon père de famille » n’est plus le personnage distant qui s’en allait gagner seul les ressources.

Un impact sur la vie des enfants en cas de séparation

Ces transformations ont une influence sur les modalités d’éducation et de soin aux enfants, en cas de divorce ou de séparation parentale. Aujourd’hui en Europe, à la différence des décennies précédentes où la dissolution de la famille se produisait le plus souvent parmi les très instruits, les séparations concernent tous les milieux sociaux. Souvent ces séparations sont accompagnées par la recomposition d’une nouvelle famille, parfois en intégrant d’autres enfants.

La recherche suggère des différences substantielles dans la parentalité, en ce qui concerne le soutien et le contrôle des enfants, après la dissolution de la famille en fonction des arrangements résidentiels et de l’entrée d’un beau-parent dans la vie des enfants. Ainsi, être un parent non-résident combiné à l’absence d’un nouveau partenaire conduit à une parentalité moins impliquée, ce qui entraîne fréquemment, en retour, une baisse de l’estime de soi et du bienêtre des enfants.

Les familles reconstituées complexes, y compris les demi-frères et sœurs, peuvent cependant apporter des défis substantiels à la coopération parentale. Le bien-être des enfants peut également être affecté.

Concernant la résidence alternée, la recherche montre que le fait d’avoir des contacts réguliers avec les deux parents nourrit un plus grand réseau social et fournit une sorte de tampon contre la mauvaise santé psychologique. Les enfants dans un tel arrangement ne rapportent pas des niveaux plus élevés de plaintes que ceux dans les familles intactes. En outre, ils sont moins susceptibles d’éprouver des niveaux élevés de stress en raison d’une plus grande implication des deux parents par rapport à leurs homologues dans les foyers monoparentaux. En ce qui concerne l’estime de soi, seuls les enfants des familles monoparentales montrent des niveaux inférieurs, alors qu’aucune différence n’est observée dans les arrangements de garde partagée et les familles intactes.

Venez écouter Silvia Olah, en plénière, et Jani Turunen, en atelier, lors de la Conférence Internationale sur la Résidence Alternée qui se tiendra à Strasbourg, au Palais de l’Europe, les 22 et 23 novembre 2018.

Tous renseignements sur le programme et les inscriptions sur http://cira2018.fr/