Où en sont les jeunes adultes ayant vécu en résidence alternée ?

Nous poursuivons le billet de la semaine dernière. L’équipe de Fabricius a testé 72 étudiants de licence dont les parents avaient divorcé quand ils avaient moins de 3 ans. Les résultats montrent que la relation à la mère n’est pas atteinte pour les étudiants qui ont passé de nombreuses nuitées avec leur père quand ils avaient moins de 3 ans. En revanche, la relation au père est détériorée pour les jeunes adultes quand ils n’ont pas eu l’occasion de passer de nombreuses nuitées avec leur père lorsqu’ils étaient jeunes enfants.

Ces résultats sont statistiquement significatifs, quel que soit le niveau de conflit des parents, le niveau d’éducation de la mère ou le temps de présence de contact du jeune enfant avec chacun de ses parents durant le jour. Ce qui fait effet sur la bonne santé des jeunes adultes (18-21 ans) c’est le fait d’avoir pu passer du temps de nuitée avec leurs deux parents quand ils étaient très jeunes (1-3 ans) :  les relations se construisent dans le quotidien des repas, de la toilette, du rituel du coucher et du réveil.

   Avoir passé des nuitées fréquentes chez son père avant 3 ans est favorable jusqu’à l’âge adulte

Le test par questionnaire porte sur les relations des étudiants avec chaque parent et leur état d’anxiété. Leurs parents ont rempli un questionnaire en ligne. L’accord entre père et mère sur les conditions de la résidence du jeune enfant a été vérifié.

Un des résultats est très surprenant parce que l’on pense rarement à poser cette question au moment où l’arrangement de résidence des jeunes enfants est décidé : à quel niveau les jeunes adultes dont les parents ont divorcé reprochent à leurs parents d’avoir créé des troubles dans la vie de famille ?

Fabricius_blameQuand les jeunes adultes (18-21 ans) n’ont pas pu passer de nuitées avec leur père quand ils étaient jeunes, ils reprochent fortement à leur père d’avoir créé des troubles familiaux. Quand ils ont pu passer 1 à 2 nuits par quinzaine (un week-end sur deux) ils continuent de blâmer beaucoup plus leur père. En revanche, en cas de résidence alternée (de 3 à 7 jours avec le père durant 2 semaines) les reproches des jeunes adultes sont moindres que dans les cas précédents et ils sont adressés à parts égales au père et à la mère. Cet équilibre est beaucoup plus favorable au bienêtre général de l’adulte.

En conclusion, le chercheur attire l’attention sur les effets à très long terme du nombre de nuitées passées en plus ou en moins avec chaque parent : quelques nuits par quinzaine font une grande différence !

Nous parlerons dans un prochain billet de l’effet de l’unité de mesure (jours, semaine, pourcentage) quand on décide de l’arrangement de résidence des enfants.