Le bienêtre des adolescents en résidence alternée : une étude en Suède

Les recherches sur le bienêtre des enfants et adolescents après la séparation de leurs parents sont citées par les deux commissions de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe que nous avons signalées dans nos précédents posts [voir 1 et 2]. Mais que disent ces recherches ?

Une étude porte sur tous les adolescents suédois de 12 et de 15 ans. Elle montre que ceux qui vivent dans une famille unie déclarent un plus haut niveau de bienêtre que ceux dont les parents sont séparés. Parmi ces derniers, ceux qui vivent en résidence alternée égalitaire déclarent un niveau de bienêtre statistiquement supérieur à ceux qui vivent plutôt avec un parent (moins de la moitié du temps) ou principalement avec l’un des parents (résidence pleine). A 15 ans, les adolescents qui vivent en résidence alternée déclarent un niveau de bienêtre équivalent à ceux dont les parents sont restés ensemble.

La mise en place de la résidence alternée s’accroit dans de nombreux pays

En Suède, la proportion d’enfants vivant en résidence alternée est de 30% ce qui permet de conduire des études statistiques comparatives fiables.

partage des taches éducatives
©Johan Bavman / Moment / INSTITUTE

Cette fréquence de la résidence alternée en Suède découle d’une meilleure égalité entre les femmes et les hommes. Elle résulte aussi du fait que la résidence alternée est proposée comme première option par les juges des affaires familiales et que les travailleurs sociaux et les médiateurs favorisent la résidence alternée, même si un seul des parents la demande.

L’étude en Suède, conduite en 2012, porte sur une enquête de l’institut national de santé publique auprès des jeunes de 12 et de 15 ans. Elle permet de distinguer les trois arrangements suite au divorce : la résidence alternée égalitaire (50%-50%), inégalitaire car surtout chez un parent (35%-65%) et la résidence pleine chez un seul parent. Parmi les répondants à l’enquête, 69% des adolescents vivent dans des familles intactes, 10% en résidence alternée égalitaire, 8% plutôt chez un parent et 13% chez un seul parent.

Une étude conduite en Suède par Malin Bergström et ses collègues

Les adolescents suédois ont répondu à un questionnaire construit par un groupe de chercheurs venant de 13 pays européens. Ce test évalue le bienêtre de l’adolescent en l’interrogeant sur son bienêtre physique, émotionnel, social, mental et comportemental. Il comporte des questions à propos de sa santé, de ses émotions, de son autonomie, de ses relations avec ses parents, de ses ressources matérielles, de ses relations avec les autres adolescents, de sa satisfaction à l’école ou des conflits qu’il subit.

Cette enquête est intéressante car elle est la seule à porter sur tout un pays et à pouvoir séparer les différents modes de résidence après la séparation des parents. A l’inverse, en France, la proportion de résidence alternée étant de 15% selon le dernier rapport de l’INSEE, ce type d’études est plus difficile à conduire.

Le bienêtre des adolescents en résidence alternée est meilleur

Les résultats de cette vaste enquête montrent que le bienêtre des adolescents de 12 et de 15 ans qui vivent en résidence alternée est meilleur que ceux qui vivent selon les deux autres arrangements (plutôt ou surtout avec un seul parent). Cependant ceux de 12 ans rapportent un bienêtre moins élevé que ceux de 15 ans sur certaines dimensions.

L’enquête montre une différence de bienêtre selon l’âge, sans pouvoir l’expliquer vraiment. D’autres études sont nécessaires. Au colloque CIRA/ICSP 2015, Malin Bergström a donné des résultats pour les enfants de 10 ans. Nous en parlerons dans un autre post.